Voyage en Corcellie

© JLuc – avril 2014


Récit de Naissance

Une naissance heureuse, à ma fille Léna.

mercredi 9 avril 2008, par Caro

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Nous sommes le 13 Février 2006, j’en suis à 8 mois de grossesse et 3 jours, ouf, toi qui voulait venir tôt, nous avons gagné 2 semaines grâce au repos.
Je suis heureuse, je sais que si tu dois naître, tu ne seras plus prématuré(e).
Plusieurs personnes m’ont dit que c’était la pleine Lune cette nuit, alors peut être que c’est bientôt que je vais enfin voir ta frimousse, garçon ? fille ?

Ce soir, je me sens fatiguée, je dis à Jean-Luc que tu vas peut être naître cette nuit, je vais me coucher à 9h et ...impossible de dormir. Je lis un livre du début à la fin "la nuit des enfants rois", je suis un peu excitée je crois et vers 1h du matin, nous nous endormons enfin avec Jean-Luc. Mon ventre est dur...

4h du matin : je viens de sentir comme une balle de tennis qui aurait percuté mon entre-jambe, au fond de mon vagin et ...de l’eau se met à couler entre mes jambes.
La joie, l’excitation, un peu d’appréhension, je réveille Jean-Luc : "j’ai perdu les eaux, ça y est, ça veut dire que dans quelques heures, demain, on tiendra bébé dans nos bras".
Jean-Luc rit de voir mon état, je dois avoir le sourire jusqu’au oreilles et les yeux qui pétillent. Pourtant seulement 3 heures de sommeil...

Je passe d’une pièce à l’autre, les toilettes, la salle de bain (me laver un peu ? les dents ?), la chambre, je regarde si j’ai toutes les affaires à emmener à l’hôpital. Que faire ? Nous avons 45 mn de trajet, il y a du brouillard, les sages-femmes m’ont dit de ne pas traîner car mon col est perméable depuis 2-3 semaines déjà. OUi d’accord mais je suis bien dans le gîte et je me sens un peu fatiguée, tout de suite, je dormirai bien encore un peu. Jean-Luc me dit de revenir dans le lit, de me reposer un peu, de voir venir...

Et elle arrive... la première des vagues qui vont nous emmener vers la vie... Elle commence dans mon dos puis ondule vers le bas du ventre pour contracter l’utérus, c’est déjà puissant. J’ai mal au dos, je suis accroupie sur le lit, je souffle doucement, elle passe... Il en vient d’autres pendant que mon chéri compte le temps qui passe entre chacune et prépare la voiture.
Je n’ai pas peur, je sens les contractions de rapprocher et devenir plus fortes, je veux y aller (j’ai prévu d’accoucher à l’hôpital de St Vallier). Jean-Luc m’a installé un matelas-couette-oreillers à l’arrière de la voiture, un vrai cocon.
Je sors dehors, il y a du brouillard, il fait nuit, je regarde bien la lune, elle est pleine, elle éclaire à travers le brouillard. Je me sens bien, comme au début d’un voyage.

Je m’installe à l’arrière de la voiture, d’abord semi-assise, en regardant la route qui défile à l’arrière avec la lune comme guide. A chaque contraction, je préviens Jean-Luc, je souffle vers la douleur, je dis "oui" au bébé, je suis en pensée avec mon enfant, je fais de sons, je touche Jean-Luc qui conduit pour rester en contact avec lui.

Il y a une dizaine de vagues qui viennent nous prendre moi et le bébé, ainsi, bercés par le roulement de la voiture.
Je me retourne parfois pour regarder la route et me tenir accroupie ou sur les genoux, calée par les coussins et je souffle dans le cou de Jean-Luc, toujours en contact...

Je ferme de plus en plus les yeux, les contractions se faisant de plus en plus fortes et plus rapprochées. Au moment d’arriver à la maternité, je vomis la petite pomme, que je m’étais autorisée à manger, sur le parking (la voiture roulant toujours).

Je me sens bien avec moi-même en arrivant à la maternité.
Il est 5h30. La sage-femme de garde Liliane, vient nous accueillir. Elle nous entraîne dans une première salle (je connais déjà pour y être venue 2 semaines avant lors de la menace d’accouchement prématuré).
Je sens une contraction arriver, je prend la table d’oscultation comme support pour me pencher en avant et souffler. Jean-Luc est là, la main posée sans pression ou qui masse quand je lui demande.

La sage-femme m’examine : col ouvert à 8 cm, OUI ! je suis ravie ! Le travail est donc bien avancé, je suis sûre d’échapper à la péridurale et surtout c’est bientôt que je vais enfin rencontrer mon bébé.

Direction la salle d’accouchement, je continue à surfer sur les vagues de contractions. Une fois les prises de sang faites et le cathéter posé, Liliane nous laisse vivre les contractions.
Jean-Luc me soutient, je m’abandonne à ses bras pour mieux sentir la vague, je suis la plupart du temps accroupie, la tête contre son torse. Je souffle, je gémis, oui, oui, vient...petit bébé...
Parfois, dans un état second, en sueur, je regarde Jean-Luc et lui souris.

C’est allongée sur le côté que je sens la première envie de pousser, c’est fort, même violent, je pousse un peu, ça brûle, je ne comprends pas bien, je ressens comme l’envie de faire caca...
Et là, je crie, je n’ai jamais entendu mon cri, il est puissant, il m’aide à accepter cette poussée qui me tend toutes les cellules du périnée.

Je me mets sur les genoux, je m’agrippe au dossier de la table d’accouchement, je sens Liliane et surtout Jean-Luc à côté et derrière moi. Une autre poussée s’annonce, Jean-Luc me rappelle la respiration et là j’accepte, je plonge dans les profondeurs de moi, je vais moins crier mais sentir mon bassin et le bébé.

1,2,3...? Combien de poussées ? Je veux sentir sa tête, je peux sentir ta tête et... pousser pour sortir ta tête puis tes épaules et ton corps.
Vlouf ! Je sens derrière moi glisser tout ton être, je me retourne, tu es là, petit bébé blanc de son vernix...


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